Dossier de création – à lire

    Création printemps / été 2025

    Diffusion dans le cadre de Chalon dans la rue IN 2025

     

     

    L’espace public s’est métamorphosé depuis plusieurs décennies dans sa topographie physique et sensorielle. Cela n’a échappé à aucun protagoniste des Arts de la Rue. La recherche de sens et d’espaces de promulgation d’un propos artistique continue à nous animer dans cet environnement déconcertant tant le terme « public » semble faire de moins en moins partie de la réalité.

    La forêt européenne subit depuis des décennies la même privatisation et à l’image de notre société elle est tenue à une rentabilité accrue dans une disproportion totale avec son rapport au temps (micro et macroscopique).

    Nous rêvons depuis des années d’un projet en partage dans une grande proximité avec la nature, dans des conditions extrêmes tant elles sont loin de la boite noire et de ses rangées de fauteuils (ou même des trottoirs ou de tout espace urbain).

     

    Adapter le roman Monde sans Oiseaux de l’autrice Karin Serres dans une forêt.
    Monde sans Oiseaux – Karin Serres – édité chez Stock (2014)

    La lecture, il y a déjà plusieurs années, puis la relecture régulière du premier roman de l’autrice de théâtre Karin Serres, avec qui nous avons collaboré plusieurs fois déjà, nous a projeté dans un monde improbable et pourtant pas si éloigné du réel. À la lisière de l’espérance et du regret, le roman nous parle d’une époque, d’un monde qui disparaît tout en relatant une vie, celle de «Petite Boite d’Os». Elle est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac et d’un fôret. Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue. Ce village qui monte et descend à flanc de montagne au gré des saisons trouvera refuge dans la forêt. Ces personnages défient la norme, le temps et l’espoir. Dans ce court roman, chaque mot est pesé, l’écriture réduite à l’essentiel pour dire l’étrange et en même temps la simplicité d’une vie. Un écho poétique subtil, une musique de mots, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel.

     

    Amener un groupe restreint de spectateurs dans un voyage dans le temps, dans un avenir où la forêt aura repris la main sur l’homme, où elle aura réparé nos racines. Se jouer de nos perceptions, de nos sens, de nos repères spatio-temporels en modifiant l’environnement de la représentation à différentes échelles tout en respectant la flore et la faune.

    Nous avons tous une image de la forêt. Cette représentation est souvent romantique au sens où elle figure en endroit naturel, préservé ou peu altéré par l’homme. La forêt c’est aussi toutes les légendes, les contes de nos enfances ou celles de nos parents. On a souvent peur de la forêt, surtout la nuit. Ce projet, par le biais d’une fiction contemporaine ira à la rencontre de la forêt vivante, ici et aujourd’hui.

    Nous travaillerons avec Karin en étroite collaboration pour trouver l’adaptation théâtrale de son texte, pour en trouver le rythme vivant, le rythme en voix, les sonorités.

     

    Implanter des installations d’art plastique à différentes échelles pour se jouer de nos sens et aiguiser notre sens de l’observation. Planter des sources sonores et lumineuses fonctionnant de manière autonome pour distiller une dimension fictionnelle à la forêt. Donner aux spectateurs un attirail pratique et onirique pour les accompagner dans leur immersion. Des objets portés par les spectateurs s’adjoindront aux installations pour en compléter le sens. Les spectateurs seront interdépendants et participeront à la dimension visuelle de la représentation. Le travail sonore sera spatialisé et sera imaginé à plusieurs échelles : celle du paysage et celle de l’individu, ainsi certains spectateurs seront porteurs de source sonore.

    Être beaucoup pour peu. Être beaucoup pour peut-être. Disparaître et réapparaître dans le paysage. Faire rencontrer la forêt. Faire rencontrer la forêt comme espace de vie multiple, comme lieu de fiction partagée et non subie.

     

    Artistes, acteurs de la forêt, spectateurs ensemble dans un espace temps hors du temps. La lenteur et l’écoute seront de mise. Une représentation comme une expérience. Un accompagnement des spectateurs pour une immersion en toute sécurité pour les humains, la flore et la faune.

    Nous travaillerons sur chaque territoire en collaboration avec les acteurs de la forêt : membres de groupements forestiers militants, Réseau pour les Alternatives Forestières, agent-e forestier-ère motivé-ée de l’Office National de la Forêt, bûcheron-ne, expert-e forestier-ère, opérateur-trice de sylviculture-reboisement. Amoureux des bois, militants d’un autre espace public où les différentes formes du vivant cohabitent, chacun à son rythme.