Dossier de création – à lire

    Création les 29 et 30 mai 2025 dans une forêt du Clunisois, en partenariat avec la Ville de Cluny (71)

    Diffusion dans le cadre de Chalon dans la rue IN 2025

     

    Prochaine résidence de création > septembre 24 : Le Boulon (Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public) – 59

     

    À la lisière de l’espérance, dans un monde étrange en désuétude Monde sans oiseaux nous parle d’une époque, d’un monde qui disparaît tout en relatant une vie, celle de Petite Boite d’Os. Accueilli.es en forêt, entre dernières lueurs du jour et nuit profonde, les spectateur.ices sont invité.es à une représentation théâtrale, mêlant texte, création sonore et art plastique. Iels traverseront une métamorphose de l’environnement et de la perception qu’iels en ont. Par la narration, iels s’immergeront dans un bain de fiction collective, se projetteront dans un imaginaire passé et présent pour poétiser l’avenir. Le spectacle Après le lac est adapté du roman Monde sans Oiseaux de l’autrice Karin Serres. – édité chez Stock (2014)

     

    Nous rêvons depuis des années d’un projet en partage dans une grande proximité avec la nature, une représentation théâtrale et visuelle protéiforme au cœur d’une forêt. Une expérience immersive sur la durée, entre lumière diurne et nuit qui s’installe profondément. Des comédien.nes, un univers sonore et visuel tendant vers l’étrange, une marche à l’échelle du paysage, pour un bain de fiction collective avec un texte contemporain comme ferment.

     

    La lecture, il y a déjà plusieurs années, puis la relecture régulière de Monde sans oiseaux, premier roman de l’autrice de théâtre Karin Serres avec qui nous avons collaboré plusieurs fois déjà, nous a projeté.es dans un monde improbable et pourtant pas si loin du réel.

     

    À la lisière de l’espérance et du regret, Monde sans oiseaux nous parle d’une époque, d’un monde qui disparaît tout en relatant une vie, celle de Petite Boite d’Os. Elle est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac et d’une forêt. Elle grandit dans les senteurs d’algues et d’herbe séchée, puis devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l’amour avec Joseph, revenu au pays après le « Déluge », enveloppé d’une légende troublante qui le fait passer pour cannibale. Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue. Le lac, d’apparence si paisible, est le domaine où nagent des cochons fluorescents et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village. Ce village qui monte et descend à flanc de montagne au gré des saisons et qui trouvera refuge dans la forêt. Les personnages que l’on rencontre défient la norme, le temps et l’espoir. Monde sans oiseaux est aussi une histoire d’amour fou aussi poignante qu’envoûtante. Dans ce court roman, chaque mot est pesé, l’écriture réduite à l’essentiel pour dire l’étrange tout autant que la simplicité d’une vie. Un écho poétique subtil, une musique de mots, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui esquisse la fin d’un monde.

    Embarquer les spectateurs dans un voyage à travers le temps, se situer dans l’avenir du roman, aujourd’hui, bien plus tard, alors que la forêt a repris la main sur l’homme, qu’elle a réparé nos racines. Seuls les fantômes du roman y ressurgissent. Car nous y sommes, ici même dans la forêt où nous jouons, lieu de l’ancien village de cette communauté. Il n’en reste rien de visible ou si peu. Le lac s’est asséché, les habitants ont quitté leurs maisons sur roues et les arbres, eux, ont continué à grandir.

    Ce spectacle, par le biais d’une fiction contemporaine va à la rencontre d’une forêt vivante, ici et aujourd’hui. Il se joue de nos perceptions, de nos sens, de nos repères spatio-temporels en modifiant l’environnement de la représentation, tout en respectant la flore et la faune.

     

    Amener un groupe restreint de spectateurs dans un voyage dans le temps, dans un avenir où la forêt aura repris la main sur l’homme, où elle aura réparé nos racines. Se jouer de nos perceptions, de nos sens, de nos repères spatio-temporels en modifiant l’environnement de la représentation à différentes échelles tout en respectant la flore et la faune. Nous avons tous une image de la forêt. Cette représentation est souvent romantique au sens où elle figure un endroit naturel, préservé ou peu altéré par l’homme. La forêt c’est aussi toutes les légendes, les contes de nos enfances ou celles de nos parents. On a souvent peur de la forêt, surtout la nuit. Ce projet, par le biais d’une fiction contemporaine ira à la rencontre de la forêt vivante, ici et aujourd’hui.

     

    Implanter des installations d’art plastique à différentes échelles pour se jouer de nos sens et aiguiser notre sens de l’observation. Planter des sources sonores et lumineuses fonctionnant de manière autonome pour distiller une dimension fictionnelle à la forêt. Donner aux spectateurs un attirail pratique et onirique pour les accompagner dans leur immersion. Des objets portés par les spectateurs s’adjoindront aux installations pour en compléter le sens. Les spectateurs seront interdépendants et participeront à la dimension visuelle de la représentation. Le travail sonore sera spatialisé et sera imaginé à plusieurs échelles : celle du paysage et celle de l’individu, ainsi certains spectateurs seront porteurs de source sonore.

    Être beaucoup pour peu. Être beaucoup pour peut-être. Disparaître et réapparaître dans le paysage. Faire rencontrer la forêt. Faire rencontrer la forêt comme espace de vie multiple, comme lieu de fiction partagée et non subie.

     

    Artistes, acteurs de la forêt, spectateurs ensemble dans un espace temps hors du temps. La lenteur et l’écoute seront de mise. Une représentation comme une expérience. Un accompagnement des spectateurs pour une immersion en toute sécurité pour les humains, la flore et la faune.

    Nous travaillerons sur chaque territoire en collaboration avec les acteurs de la forêt : membres de groupements forestiers militants, Réseau pour les Alternatives Forestières, agent-e forestier-ère motivé-ée de l’Office National de la Forêt, bûcheron-ne, expert-e forestier-ère. Amoureux des bois, militants d’un autre espace public où les différentes formes du vivant cohabitent, chacun à son rythme.